jeudi 14 février 2008

Postface

« Valéry se rappelle peut-être la leçon de Mallarmé quand le Maître fait observer à ses lecteurs, et déjà aux auditeurs des mardis de la rue de Rome, que le mot qui dit nuit laisse entendre une sonorité étonnamment vive, que le substantif ténèbres éclaire plus qu’il n’obscurcit. Même le mot ombre, plus secret, se gonfle comme un fruit mûr et près d’éclater, à l’image des grenades, emblème de Perséphone, la déesse qui règne sur les morts.
Les formules bien frappées sont autant de sortilèges poétiques pour effacer la menace de l’ombre. Par l’obscurité de son langage il veut préserver le mystère, l’ostentation des mots sous toutes leurs facettes simultanées. Alors l’air ou le chant glisse sous le texte, prêt à en jaillir comme une source vive. Et s’il existe un modèle pour Mallarmé, c’est d’abord l’éparpillement ordonné des constellations dans le ciel nocturne. L’alphabet des lettres devient l’alphabet des astres. La nuit devient une salle d’ébène, une vaste chapelle ardente qui ne peut être dédiée qu’à un poète-roi. » (Hôtel de l'insomnie)

dimanche 18 mars 2007

Sécession

« Bien des années plus tard, dans la ville écorchée, face aux vents déchaînés, j’en appelais aux mots de Rimbaud, d’Artaud ou de Duprey. À une heure si grave, comment ne pas penser à ces voleurs de feu qui allumèrent, des siècles durant, les brasiers du cœur et de l’imagination, de soif et d’insomnie, pour ne bâtir d’autre empire qu’à l’intérieur de soi. Pour faire taire au cœur de l’homme la guerre vaine et, par la magie des mots, exorciser les démons. Comme dans le combat de Jacob avec l’Ange, dans le ravin de Yabboq, celui qui supplanta par le mensonge et la ruse devient enfin un autre, tous les autres, pour avoir affronté en lui la face de Dieu. Oui, contre les forces aveugles, toutes les puissances stériles, choisissons le combat qui grandit. Alors cet ouvrage, pour refuser la fatalité et le vertige, pour chasser la peur qui crie au fond de nous !
Tourne et craque la terre dans l’obscur mystè
re où se débattent voix et masques, victimes et bourreaux ! Derrière l’urgence de chaque jour, je rêve d’une parole qui défriche, d’une parole plus longue et qui sauve. » (Éloge des voleurs de feu)

mardi 13 mars 2007

Dernières notes

Dominique de Villepin a choisi de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle, c’est son choix, à nous de le respecter.

Afin que l'amertume ne l'imprègne pas, ce blog prend pour le moment fin avec cette décision qui brise son horizon premier, aussi il m'est important de souligner combien je suis empreint à la fois de reconnaissance et de gratitude envers chacune et chacun d’entre vous, qui l’avez lu ou qui vous y êtes exprimé.

Les élections passent la France demeure; si la bataille napoléonienne d'aujourd'hui est perdue, demain appelera de nouvelles conquêtes et des perspectives renouvelées.

lundi 12 mars 2007

Une élection sans projet visionnaire

L’absence d’une candidature de Dominique de Villepin oblige chaque citoyen à se positionner autrement que derrière le rassemblement qu’il aurait, mieux que personne, pu incarner. Ce positionnement doit être, pour ceux qui soutiennent le Premier ministre, peu confortable ; il oblige, en tout cas, à renier une partie de ses convictions pour accepter de soutenir un candidat qui serait moins pire, et non meilleur, que les autres.

Pour ce qui me concerne, après l’interventio
n télévisée, le jeudi 22 février, de Dominique de Villepin au journal de 20h, j’avais décidé, emporté par ma déception de le voir écarter l’idée d’une candidature, de prendre toute la distance nécessaire. C’est le sentiment que j’ai alors exprimé dans un message publié sur ce blog, que j’ai retiré le soir même après avoir appris qu’un appel à sa candidature devait être lancé le lendemain par le Rassemblement des Jeunes pour la Ve République.

Je publie, maintenant que « l’illusion lyrique
» d’une candidature est complètement dissipée, le message en question.


Laisser la France face à son destin

Tel semble être le sens de l’attitude du Premier ministre. Il refuse, visiblement, de saisir la chance, absolument unique, qui s’offre à lui : celle de créer les conditions d’une candidature à l’élection présidentielle, et de renverser une donne insatisfaisante pour des millions de Français
. Non, la campagne n’est pas à la hauteur. Non, on ne peut se contenter d’un débat aussi faible.
Je pourrais longuement et rigoureusement développer les raisons pour lesquelles ni le programme du PS ni celui de l’UMP, et e
ncore moins celui de l’UDF, - et à travers ces programmes, les candidats qui les portent, - ne me satisfont. Mais s’il s’agit de critiquer sans être en mesure de proposer une alternative, autant s’abstenir. Je préfère me dégager de ce débat politique à court terme, prendre toute la distance nécessaire avec une échéance qui ne pourra être porteuse d’une vision conforme à mes aspirations, et m’intéresser aux problèmes de fond, ainsi qu’à une lecture plus historique de la vie politique en France et ailleurs.
Certes, ce retrait de la course élyséenne était
, depuis longtemps, prévisible. Mais outre le fait que je sois de ceux qui pensent qu’«impossible n’est pas Français», et qu’une élection n’est jamais jouée plusieurs mois en amont, il est important d’affirmer ses convictions et de ne pas se décourager par mauvais temps. Que les calculs cyniques soient le lot de ceux dont les intérêts dépendent directement de ces élections, c’est dans l’ordre des choses, mais en tant que citoyen, avec l’exercice du libre-arbitre que cela comporte, il faut aller au bout de ses idées. Les défendre. Les appuyer par des arguments solides. Leur donner de la dimension. Ne pas se satisfaire de la rhétorique, de la démagogie et des incantations.
Dans ses positions de ce soir sur Nicolas Sarkozy
, Dominique de Villepin se renie. Il se prête à une analyse de circonstance, qui ne peut être fidèle à sa perception de la campagne, ni aux idées qu’il aurait pu défendre s’il s’était porté candidat. Il est dans son rôle de Premier ministre, et n’en sort pas. C’est un choix, et un devoir lié à sa fonction aussi. Mais ce n’est pas, à mon sens, l’intérêt du débat, et de la vie démocratique. Qu’on ne s’étonne pas que, dans un sondage récent, François Bayrou soit donné gagnant et contre Ségolène Royal et contre Nicolas Sarkozy dans un hypothétique second tour.
Peut-être la candidature de M. de Villepin n’aurait-elle pas été une solution à ce malaise. Peut-être aurait-elle été trop tardive, et incomprise. Mais elle portait, pourtant, une magnifique espérance, à hauteur d’une passion française.

samedi 10 mars 2007

La cérémonie des adieux

Demain soir, à 20h, le Président de la République s’exprimera dans le cadre d’une allocution solennelle aux Français.

Dans Le Monde, Robert Solé consacre un billet fort amusant à cet événement, intitulé « Adieu présidentiel » :

« Dimanche soir 11 mars, quelques instants avant son intervention télévisée, Jacques Chirac a comme une illumina
tion. Se surprenant lui-même, il décide d'ignorer son texte, dont chaque mot a été pesé au trébuchet. Il va improviser.
"Mes chers compatriotes, vous savez combien la France... Je connais vos craintes, vos espoirs, vos attentes... Ce soir, je veux vous expliquer pourquoi je sollicite un nouveau mandat, qui sera le dernier..."

Dans le salon de l'Elysée, c'est la stupéfaction. Ministres et collaborateurs du chef de l'Etat se dévisagent d'un air ahuri. Au premier rang, Bernadette esquisse un sourire. Jean-Louis Debré, les yeux embués de larmes, frétille sur sa chaise, déjà prêt à remonter sur le perchoir. Jacqu
es Chirac se sent rajeuni de quinze ans. Il imagine la tête de ses adversaires, l'ébahissement des commentateurs...
La tentation a duré quelques secondes. "Monsieur le président, c'est bientôt à vous." Jacques Chirac se racle légèrement la gorge. Il fixe le prompteur, la France dans les yeux. S'efforce de sourire, en pensant à Claude. La lampe verte s'allume. "Mes chers compatriotes..." »

Plus sérieusement, il est certain que tous les éléments sont réunis pour que Jacques Chirac fasse ses adieux à la France en refusant de se présenter à nouveau à l’élection présidentielle. Au vu de son âge, de la longévité de sa carrière politique (sa première élection en tant que député de la Corrèze date du 12 mars 1967, soit presque quarante ans, jour pour jour, avant cette allocution) et de la configuration politique actuelle, ce choix serait indéniablement le bon.

Cependant, si cette sortie devrait être réussie de son point de vue, elle n’éclaircirait pas la perspective de la prochaine échéance. En refusant de soutenir l’idée d’une candidature de son Premier ministre et de tout faire pour qu’elle puisse être porteuse d’un véritable élan pour la France, Jacques Chirac assure indirectement la légitimité de Nicolas Sarkozy en tant que candidat du courant qui l’a porté depuis ses débuts, ce qui est une grave erreur.
Après avoir fait l’erreur d’accepter, en 2002, que M. Sarkozy s’empare d’un des postes clés du gouvernement, et après avoir renouvelé cette erreur en juin 2005 (alors qu’il était, selon lui, au moment du 14 juillet 2004,
inconcevable qu’un chef de parti puisse être ministre à part entière), il laisserait ainsi le champ libre, pour 2007, a un ministre qui n’a jamais respecté son autorité, a contesté la plupart de ses choix (en matière de politique internationale, de conception du rôle joué par le chef de l’État…) et s’est souvent montré d’une insolence inadmissible de la part d’un ministre. Dans le dernier cas, je prendrais exemple, - il ne manquent pas, - sur la comparaison, en public, le 14 juillet 2005, lors d’une conférence de presse place Beauvau, de Jacques Chirac à Louis XVI occupé par sa passion de la serrurerie alors que le peuple gronde. Jacques Chirac avait alors glissé, en privé, que l’important, pour Sarkozy, serait de ne pas finir comme Louis XVII.

En ne permettant pas qu’un candidat gaulliste se présente à l’élection présidentielle, fait inédit depuis 1965 (à noter d’ailleurs qu’il y en avait trois en 1981 : Jacques Chirac, Michel Debré et Marie-France Garaud), le Président de la République ne fait pas le bon choix pour la France, pour son identité, ses valeurs, son dynamisme économique et social, son rayonnement international, et s’assure une campagne passive dont l’issue remettra assurément, quelle que puisse être sa note finale, en cause le fonctionnement et l’équilibre de la Ve République.

Les Français auraient, pourtant, - la faiblesse des candidats actuellement en présence ne l'excluant pas, bien au contraire, - pu faire de Dominique de Villepin le successeur de Jacques Chirac; la gaullisme aurait alors, une fois encore, donné rendez-vous à la France et proposé une solution à la fois juste, généreuse et enthousiaste à l'impasse.

jeudi 8 mars 2007

Villepin au salon de l'Agriculture

Un document vidéo d’une dizaine de minutes, montrant le Premier ministre lors de son passage de lundi dernier à la porte de Versailles. On l’y voit à l’écoute des uns et des autres, voguant entre les différents stands.

Un idéal de rassemblement

J'aimerais rappeler que début janvier, Dominique de Villepin tenait, lors de l’émission « Dimanche+ », ces propos plutôt enthousiasmants, et très pertinents sur la prochaine échéance :

Laurence Ferrari : La campagne électorale, est-ce que tout est joué maintenant, à quatre mois des présidentielles, à votre avis ?

Dominique de Villepin : Vous savez, une campagne électorale, c’est le choix des Français, donc par définition, rien n’est joué jusqu’au moment de l’élection. Et je pense que ce serait une gigantesque erreur que d’imaginer que tout est joué. Au contraire, nous sommes loin du compte, et c’est le message que je donne à ma famille politique. Donc, créons la dyn
amique des volontés, créons la coalition des ambitions, qui permette véritablement d’arriver et de répondre aux attentes des Français. Ça demande beaucoup d’efforts. Vous savez, moi, en politique, et en particulier dans les présidentielles, j’ai un petit peu d’expérience, je ne connais pas la machine à perdre, dont certains parlent. La machine à perdre, c’est une invention des perdants, qui veulent trouver des boucs émissaires. Mais par contre, je sais ce que c’est qu’une machine à gagner. Et la machine à gagner, ça commence par la transformation et la métamorphose d’un candidat, qui devient le choix des Français. Et qu’est-ce qui s’est passé en 95, comme en 2002, même si le parcours a été un peu singulier ? C’est que, jour après jour, Jacques Chirac s’est agrandi, s’est élargi, de cette ambition française. Il a épousé véritablement la fonction qui était la sienne. Et rappelez-vous, en 95, avec une véritable dynamique : Madelin, Jean-Louis Debré, Alain Juppé, Philippe Seguin, des personnalités fortes, qui à aucun moment ne se sont reniées, mais qui ont mis tout leur poids dans la bataille. Aujourd’hui, c’est vrai que j’estime qu’il y a encore un élan à donner. Quand je vois quelqu’un comme Jean-Louis Borloo, avec le bilan qui est le sien, l’action qu’il a menée, le tempérament qui est le sien ; quand je vois...


LF : Il pourrait faire un bon candidat ?

DDV : Mais, Jean-Louis Borloo a quelque chose d’essentiel à dire, pour la campagne à droite des présidentielles. Donc ça, ça doit faire partie de cette dynamique. Je parlais de coalition des volontés ; c’est véritablement le trajet qui doit être emprunté. Michèle Alliot-Marie, elle a réussi une grande réforme : la professionnalisation des armées. Eh bien, que tout ça soit conjugué, que tout ça soit mis ensemble. Vous savez, si on veut aligner une famille politique, réduit derrière un candidat, sous forme de petits pois ou comme les sardines dans une boîte, vous ne gagnez pas comme ça. Ne l’oublions pas : une élection, ce n’est pas de la simple arithmétique. Aujourd’hui, il n’y a pas de candidat en France qui puisse, sur son nom, l’emporter. C’est dire qu’il va falloir faire un travail énorme pour arriver à avoir 50 % plus une voix - sauf à penser qu’on peut élire un candidat par défaut. Personne ne passe aujourd’hui spontanément cette barre. Sauf de façon arithmétique. Donc ça veut dire qu’il faut additionner des forces, additionner des idées, conjuguer des visions. Moi j’aurai l’occasion, en toute liberté, de faire des propositions pour notre pays - il est bien normal, comme chef du gouvernement, que je fasse part de la vision, des propositions qui sont les miennes. Mais je crois qu’il faut être dans un esprit qui ne soit pas un esprit réducteur. Il faut être généreux, il faut être fraternel. C’est d’abord vrai au sein de notre propre famille, et c’est comme ça que nous gagnerons.


Cette analyse conserve toute son actualité. On observe, au reste, que cette dynamique n’est toujours pas enclenchée, et ne le sera vraisemblablement jamais, autour du candidat de l’UMP, qui ne génère aucune émulation entre lui et le rang serré de ses «soutiens» et autres courtisans. Cette constatation est tout à fait cohérente par rapport à la volonté constante, exprimée par Nicolas Sarkozy, d’apparaître comme un homme providentiel qui ferait à lui seul la synthèse de tous les courants de son parti, et même au-delà. Sa démarche n’est ni généreuse, ni fraternelle : elle répond avant tout à une ambition personnelle dévorante, qui ne s’accompagne, dans son cas, absolument pas des qualités requises pour passer de la dimension de politicien, - ce qu’il a toujours été, au mauvais sens du terme, - à celle d’homme d’État.

Dans cette interview, Dominique de Villepin cultivait sa différence de façon tout à fait intelligente, et critiquait très subtilement ce qui prévalait autour du président de l’UMP. On ne peut que regretter qu’il n’ait pas continué à exprimer clairement ses antagonismes et assumer ses divergences, en préférant se mettre en retrait pour, au final, avec un mélange d'amertume et de résignation, ne pas créer les conditions d’une candidature.

dimanche 4 mars 2007

L'ivresse des sondages

PARIS (Reuters) - La place centrale des sondages dans la campagne en vue de l'élection présidentielle de 2007 relance les débats sur leur pertinence et les propositions visant à mieux encadrer leur publication.

Certains politologues s'interrogent sur le sens même de ce qui est présenté comme une "intention de vote", à un moment où les affiliations politiques sont parfois floues, où le nombre de candidats est d'une quinzaine, et à plusieurs semaines du vote.


Alain Garrigou, professeur de sciences politiques à Nanterre, juge que les sondages sont une "parodie de science".


"L'ivresse des sondages, ce n'est pas seulement l'absurdité de la quête de sa clef par l'ivrogne, c'est aussi l'excès", écrit-il dans un essai publié fin 2006.


Sa thèse est que les instituts de sondage seraient avec les médias et les partis politiques au centre d'un système de production de l'opinion qui s'auto-alimenterait, avec en toile de fond un intérêt économique à "vendre" des résultats.


Davantage que lors des scrutins précédents, les enquêtes d'opinion influent en 2007 sur la campagne, soulignent les politologues. Ils ont notamment, fait nouveau disent-ils, favorisé l'investiture par les militants PS de Ségolène Royal, créditée des meilleures chances de victoire par les instituts.


Ils placent à ce jour Nicolas Sarkozy en position de favori de l'élection. Une trentaine d'enquêtes publiées cette année le voient le plus souvent en tête au premier tour et quasiment toujours vainqueur au second.


Mais certains politologues notent le nombre élevé d'indécis (de l'ordre de 50%) et rappellent qu'Edouard Balladur en 1995, puis Lionel Jospin à un moindre titre en 2002 furent placés dans une position semblable en février avant d'être battus au premier tour.


Changement de règles?


"Ce que recueille les sondeurs, à ce stade, ce n'est pas une intention de vote, ce n'est pas une popularité, c'est une disposition générale", explique Elisabeth Dupoirier, directrice de recherche au Centre de recherche sur la vie politique (Cevipof).


Elle retient l'intérêt "en tendance" des enquêtes et se dit opposée à tout encadrement autoritaire. "La meilleure garantie de la validité des sondages, c'est la concurrence. Les instituts n'ont pas intérêt à mentir mais à être les meilleurs", dit-elle.


Des politologues critiquent les méthodes des sondages et leur présentation dans les médias. Source des études politiques, le sondage en est devenu l'objet, notamment après le 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen prendre à défaut tous les instituts en accédant au second tour de la présidentielle.


Les chercheurs se demandent depuis si les sondages peuvent "faire" une élection, en modifiant les comportements des électeurs. Des enquêtes ont répondu 'oui', comme justement pour le 21 avril 2002, où de nombreux votants avaient choisi des "petits" candidats en considérant comme acquis le second tour Jospin-Chirac annoncé.


"La publication des sondages peut influer les électeurs lors d'élections très disputées", conclut le Cevipof dans un "Atlas électoral" publié récemment.


Certains politologues suggèrent l'amélioration du dispositif imposé par la loi du 19 juillet 1977, qui a instauré quelques obligations légales des médias ainsi que la commission des sondages, instance de régulation sans pouvoir coercitif.


Parmi les premières mesures proposées, figure l'extension des mentions légales obligatoires dans les médias aux taux de non-réponses et aux proportions d'indécis ou d'hésitants.


Le chercheur Bruno Cautrès propose dans les travaux du Cevipof d'indiquer systématiquement les "fourchettes", plus crédibles que des chiffres fixes.

lundi 26 février 2007

Villepin invite la France de demain à protéger son modèle social

Paris (Reuters) - À deux mois de la présidentielle, Dominique de Villepin a fait, lors du premier discours sur l'état social de la Nation, le bilan de son action à Matignon et a invité les futurs dirigeants du pays à préserver, en l'améliorant, le modèle social français.

"Notre pays est à un tournant"
, a fait remarquer le Premier ministre devant les membres du Conseil économique et social réunis au palais d'Iéna à Paris.


"Soit il se donne les moyens de poursuivre l'adaptation nécessaire de son modèle social, pour en garantir à la fois les principes et l'efficacité, et dans ce cas nous pourrons espérer le meilleur pour la France. Soit nous en restons à un statu quo à la fois coûteux et irresponsable dont les Français seront les premières victimes", a-t-il ajouté à l'adresse des candidats engagés dans la course à l'Elysée.

"J'ai pu constater depuis deux ans l'appétit de changement qui existe dans ce pays. J'ai fait l'expérience des réformes réussies, des décisions qui donnent des résultats. J'ai aussi connu l'échec"
, a reconnu le chef du gouvernement, un an après la mobilisation contre le Contrat première embauche, qui a sans doute brisé ses propres ambitions présidentielles.


En préambule à son discours, Dominique de Villepin a défendu avec vigueur le modèle social français, "part essentielle de
notre histoire et de notre identité". "Au coeur de ce modèle, il y a un principe de justice et de solidarité auquel nos concitoyens sont profondément attachés", a-t-il souligné.

Rappelant que, sous son action, le taux de chômage est passé de 10,2 à 8,6%, il a de nouveau fixé comme objectif de le ramener à 6% de la population active à l'horizon 2010. Il s'est félicité du dispositif du Contrat nouvelles embauches, qui a permis, a-t-il dit, la création de 50.000 emplois nouveaux "avec un coût nul pour les finances publiques".


"Flexisécurité à la française"

Au chapitre des "progrès à faire pour garantir la pérennité de notre modèle social", Dominique de Villepin a donné sa vision de ce qu'il a baptisé la "flexisécurité à la française".


Elle consiste d'abord à faire évoluer le droit et le contrat de travail par "la négociation et la concertation, avec le souci permanent de développer l'emploi et en veillant à ne pas fragiliser la situation des salariés".


Deuxième axe : réformer le dispositif de formation professionnelle. "Un système qui coûte près de 30 milliards d'euros aux Français doit être d'une efficacité irréprochable", a souligné le chef du gouvernement, qui a aussi plaidé pour une réforme du service public de l'emploi via une fusion de l'ANPE et de l'Unedic, comme l'a proposé Jacques Chirac.


Dominique de Villepin a invité à s'attaquer au problème des minima sociaux avec l'idée de "valoriser le travail plutôt que l'assistance". Un "suivi renforcé" du contrôle de la recherche d'emploi doit s'accompagner d'une modification du système d'allocations chômage "afin de le rendre plus incitatif à la reprise d'emploi", a-t-il dit.


Pour ce qui est des salaires, le Premier ministre a plaidé pour une "négociation au niveau des branches, qui permettrait à la fois de relever régulièrement le niveau du salaire minimal et d'accélérer la dynamique des salaires". "Car notre objectif final, ce n'est pas d'avoir toujours plus de salariés au niveau du smic. C'est au contraire de tirer tous les salaires vers le haut", a-t-il dit.


Il a proposé de doubler la prime pour l'emploi (de 80 à 160 euros par mois) "pour les salariés qui ont aujourd'hui les problèmes de pouvoir d'achat les plus lourds".


Après avoir demandé de donner priorité à l'emploi des femmes, des jeunes, et à la lutte contre les discriminations à l'embauche, le Premier ministre a consacré un long chapitre à la question du vieillissement de la population.


Le financement du risque de dépendance, la lutte contre les maladies neurodégénératives, l'amélioration du système de santé, mais aussi l'emploi des seniors devront, selon lui, être en tête de la feuille de route des futurs dirigeants de la France.

Échos du discours sur l'état social de la nation

(Dépêche AFP/Reuters) Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a fixé comme objectif de faire tomber le taux de chômage en France à 6 % d'ici trois ans lors du premier discours sur l'état social de la nation devant le Conseil économique et social, lundi 26 février, à Paris.

"Notre objectif, c'est d'atteindre un taux de chômage de 6 % à l'horizon 2010", a-t-il déclaré. "Cela ne se fera pas tout seul, nous le savons. Nous avons besoin de nouveaux instruments, de nouvelles décisions politiques fortes", a-t-il ajouté. Le premier ministre a également rappelé son rattachement au modèle social français, "une part essentielle de notre histoire et de notre identité". "Au cœur de ce modèle, il y a un principe de justice et de solidarité auquel nos concitoyens sont profondément attachés", a-t-il déclaré. "Oui, les Français veulent que notre pays se modernise. Oui, ils veulent qu'il se donne les moyens de faire la course en tête dans la compétition économique mondiale, a-t-il ajouté. Mais ils veulent que la France avance rassemblée. Ils veulent une croissance généreuse qui profite à tous."


Pour EADS comme pour Alcatel, "l'État jouera tout son rôle"

Par ailleurs, le chef du gouvernement a détaillé sa position au sujet des plans de restructuration d'Airbus et d'Alcatel-Lucent, qui ont mobilisé les salariés la semaine dernière. Dans le premier cas, il a rejoint le président de la République, en réaffirmant qu'"aucun licenciement sec ne peut se justifier" et que "les centres de décision et de recherche doivent rester sur notre territoire". En ce qui concerne Alcatel-Lucent, il a estimé qu'il fallait "donner le temps nécessaire à la concertation sociale". Dans un cas comme dans l'autre, "l'Etat jouera tout son rôle pour défendre ces principes". "Soutenir la compétitivité de nos entreprises, ce n'est pas un blanc-seing pour la précarité", a-t-il ajouté.


Ces déclarations vont à l'encontre de celles faites par le candidat UMP à la présidentielle, Nicolas Sarkozy. Interrogé sur BFM TV, M. Sarkozy a, au contraire, estimé que ce n'était "pas la responsabilité d'un homme politique de donner une instruction pour suspendre un plan social". "Ce n'est pas ma conception de l'économie", a-t-il expliqué.

vendredi 23 février 2007

La France mérite mieux ! Appelons à la candidature de Dominique de Villepin !

Quelle drôle d’idée, pensez-vous sans doute ! Le Premier Ministre candidat ? N’est-il pas déjà rallié à Nicolas Sarkozy ? Il faut pourtant beaucoup d’imagination pour lire dans ses récents discours ou interviews, un ralliement au Ministre de l’Intérieur.

La campagne qui ne dit pas son nom du Premier Ministre


Et puis, le Premier Ministre fait campagne, une très bonne campagne même. Oui, reprenez toutes ses interventions depuis 2 mois et se dessine un véritable projet présidentiel. Depuis plusieurs semaines, sur l’Europe, sur l’International, sur l’enseignement supérieur, sur le désendettement, sur l’égalité des chances, sur son attachement au respect de nos principes républicains…, Dominique de Villepin fait entendre ses idées, propose des actions pour le prochain quinquennat, en toute liberté, et avec de vraies ambitions pour la France. Mises bout à bout, ces interventions dessinent un projet bien plus fouillé et autrement plus responsable que celui des autres candidats.

Car le Premier Ministre a une vision pour la France. Une France où s’équilibrent la justice sociale et la compétitivité du pays et des entreprises. Une France dépositaire d’un message pour le monde, un message de respect des peuples, de leur souveraineté. Une France qui refuse l’unilatéralisme d’un peuple aux tentations impérialistes. Une France qui reprendrait l’initiative sur le projet européen, en tournant enfin l’Europe vers les préoccupations de ses citoyens pour réconcilier les Français avec la construction européenne. Une France rassemblée, autour des valeurs de la République, où être un enfant de la République prime sur toutes les considérations communautaires. Une France responsable à l’égard de l’avenir…

Dominique de Villepin peut s’appuyer sur son bilan aux Affaires Etrangères et à Matignon. Il a porté la voix de la France comme on ne l’avait plus jamais fait depuis le Général de Gaulle. La position de la France en 2003 a permis d’éviter le conflit de civilisation entre l’Orient et l’Occident dans lequel les Etats-Unis nous entraînaient et que certains étaient prêts à suivre. Comme peu de chefs de gouvernements avant lui, il a su agir pour défendre la justice sociale tout en défendant dans le même temps la compétitivité du pays et de ses entrepreneurs.

Les « déclinologues » et autres « rupturistes » nous abreuvent du déclin de la France depuis des années. Mais la France a toujours su se redresser ! Et notre pays ne manque pas d’atouts pour l’avenir. Nous gardons une vraie place sur la scène internationale : quel pays occidental ose tenir tête Etats-Unis ? Notre démographie nous permettra de devenir le premier pays européen par la population d’ici quelques dizaines années. Nos entreprises conquièrent le monde. Notre système de santé reste le meilleur du monde. Nos institutions donnent à nos gouvernants une stabilité qui leur permet de gouverner, contrairement à ce qui se passe dans tant de pays.


Les années qui viennent seront des années cruciales pour notre pays. De grands choix de société devront être tranchés. Comment lutter contre la balkanisation de la France ? Comment orienter la construction européenne ? Comment corriger les excès d’une globalisation qui ne profite aujourd’hui qu’à un petit nombre, pour éviter que le système ne s’écroule ? Comment assurer l’équilibre d’un monde plus que jamais instable avec le terrorisme et la prolifération nucléaire ? Comment mieux respecter notre environnement et protéger notre planète ? Plus que jamais, il reviendra au prochain Chef de l’Etat de faire des choix décisifs pour notre République. Il devra faire ces choix d’une main à la fois ferme et juste, tout en défendant l’intérêt général des intérêts particuliers. Qui mieux que Dominique de Villepin peut aujourd’hui endosser ce rôle ?


Beaucoup de Français estiment que la campagne actuelle est de piètre qualité et qu’elle n’est pas à la hauteur des défis qui se posent à notre pays ; ce qui signifie qu’une large majorité de nos concitoyens ne sont pas satisfaits du panel de candidats actuellement en lice. Les Français pensent que la France mérite mieux !


Dominique de Villepin peut faire gagner la France !


Ceux qui sont encore sceptiques diront alors qu’il ne sert à rien de mener un combat perdu d’avance. Le Premier Ministre n’a ni parti, ni soutien, ni réseau. Il part trop tard, et aucun Premier Ministre en exercice n’a jamais gagné la Présidentielle. Et alors ! La Politique, c’est avoir des convictions et des principes chevillés au corps, et être prêt à les défendre lorsqu’ils sont menacés, comme c’est le cas aujourd’hui, sans la moindre compromission. Le Général de Gaulle s’est-il demandé s’il était raisonnable de ramasser le drapeau de la France éternelle et de s’en faire le dépositaire, quand il est parti seul à Londres en juin 1940 ? Monsieur le Premier Ministre, suivez ce que vous disent vos tripes, vos convictions ! Servez la France, et personne d’autre !


Si François Bayrou peut réunir 17% des sondés en disant seulement que les média sont injustes et en proposant une grande coalition, votre stature incomparable vous permettra sans l’ombre d’un doute d’atteindre rapidement ce score, score qui avait permis à Giscard de se lancer en 1974, ou, comme vous le savez bien, Jacques Chirac en 1995. Tout sondage sur votre potentiel vous sous-estimerait forcément, car vous avez été sorti du champ des possibles. Votre candidature, à elle seule, serait un véritable tsunami politique qui offrirait enfin aux Français la garantie d’un vrai débat d’idées pour cette campagne. Le jeu en serait complètement bouleversé car vous introduiriez enfin, pour les Français, les questions qui sont actuellement écartées par les candidats, alors qu’elles sont déterminantes pour l’avenir de notre nation.


Monsieur le Premier Ministre, vous pensez être seul ? Vous êtes surtout indépendant des hommes, des clans, des partis, des fractions, des intérêts particuliers, seul candidat donc à être réellement en position de défendre l’intérêt général. Vous n’aurez personne à remercier avec des postes. Vous pourrez donc former une équipe en toute liberté. Les Français en ont aujourd’hui plus qu’assez de la politique politicienne à l’ancienne avec les montagnes de promesses jamais tenues. Vous n’avez-vous-même jamais été élu ? Ce que certains imaginent comme étant votre principale faiblesse, est en vérité une force aux yeux des Français qui, dans leur majorité, veulent un véritable changement dans la façon de faire de la politique. Vous êtes le représentant d’une véritable alternative !

La raison de votre candidature est simple. Vos différences d’opinion avec Nicolas Sarkozy ont été suffisamment mises en valeur depuis deux ans, tant par lui que par vous. Tout le monde sait que vous n’avez pas la même vision de la France et de son identité.

Pour une France qui avance ensemble


Monsieur le Premier Ministre, beaucoup de Français soutiennent aujourd’hui des candidats par défaut ou par volonté d’exprimer leur opposition à d’autres candidats. Ce ne sont pas des soutiens par adhésion à des projets. Des Français soutiennent Ségolène Royal pour battre Nicolas Sarkozy et inversement. Des Français soutiennent François Bayrou car ils souhaitent marquer leur opposition au choix d’un duel qui leur a été savamment fabriqué. Ce n’est pas le quarteron de politiciens aux méthodes d’un autre âge actuellement en tête des sondages qui est à la hauteur des enjeux de notre pays ! Une voie est ouverte à un recours ! Vous êtes l’homme qui peut incarner ce recours, pour la France et les Français. Ecoutez vos convictions, écoutez votre amour pour la France !


Le Rassemblement des Jeunes pour la Vème République (RJVR)

mercredi 21 février 2007

Débat à la Cité de la réussite

En novembre 2006, Dominique de Villepin a participé, à la Sorbonne, à la Cité de la réussite (« le forum des débats culturels, économiques, scientifiques et politiques »), et il est possible de consulter sur le site de l’INA la vidéo de ce débat ouvert avec le Premier ministre. Un des thèmes importants de ce rendez-vous était celui de savoir comment gouverner au XXIe siècle, et des réponses intéressantes ont été apportées, à ce sujet, par M. de Villepin. Je tiens d’ailleurs à signaler que dans l’ensemble, ses interventions étaient très réussies, à la fois pertinentes et accessibles à tous.

La France à nouveau « sur les rails »

PARIS (AP) - La France "est à nouveau sur les rails sous l'impulsion du président de la République", a estimé mercredi Dominique de Villepin en faisant le bilan de son gouvernement à l'occasion de la dernière séance de questions de la législature.

"Je m'étais fixé deux objectifs: défendre l'action politique au lendemain du référendum européen et permettre à notre pays de regarder à nouveau en face son avenir", a rappelé le Premier ministre.

"Les chiffres parlent d'eux-mêmes", a déclaré le Premier ministre. Il a comparé les statistiques à son arrivée en juin 2005 à celles d'aujourd'hui. En deux ans, le taux de chômage est passé de "10,2% à 8,6%" de la population active, la croissance "de 1,6% à plus de 2%", "l'endettement public a diminué de deux points", "le déficit budgétaire a diminué de 20 milliards d'euros".

"C'est vrai le gouvernement a connu des épreuves", a reconnu M. de Villepin, mentionnant la crise des banlieues, et celle du contrat première embauche (CPE), "mais nous n'avons jamais baissé les bras". "Nous avons défendu l'égalité des chances, lutté avec acharnement contre les discriminations, réformé le service public de l'emploi, amélioré l'orientation, renforcé le lien entre l'université et l'emploi", s'est vanté le chef du gouvernement.

"Oui, il n'y a pas de fatalité. Oui, l'action politique peut changer les choses quand elle est au service de la République, de la France", a souligné Dominique de Villepin.

Le Premier ministre a par ailleurs tiré des "leçons personnelles" et pour la démocratie française de son expérience à Matignon. "Tous ici nous sommes différents. Cette diversité doit rester pour la nation toute entière une force", a-t-il dit.

À deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, il a mis en garde la droite et la gauche contre la tentation de "se perdre dans des affrontements stériles". Il a prôné "une démocratie du respect, de la responsabilité", une "qui ne transige pas avec les principes fondamentaux de la République", "qui ne trouve pas des consensus seulement au delà des partis mais qui fait preuve aussi de réalisme et de pragmatisme".

"Ne nous divisons pas sur tout, c'est l'intérêt national qui est en jeu", a souligné le chef du gouvernement. Dominique de Villepin a adressé ses remerciements à l'ensemble des députés de la majorité et opposition. Il a aussi rendu hommage à "la hauteur de l'exigence républicaine" du président Jean-Louis Debré, qui doit être nommé dans les prochaines heures à la présidence du Conseil constitutionnel.

mardi 20 février 2007

Tracer la voie

PARIS (AP) - Le Premier ministre Dominique de Villepin a observé mardi à l'intention de Ségolène Royal que gouverner, c'était "aussi être capable de prendre des décisions difficiles".

"Gouverner, c'est bien sûr répondre (aux) préoccupations quotidiennes (des Français), faire preuve d'empathie, faire preuve d'humanité, mais c'est aussi être capable de prendre des décisions difficiles", a-t-il lancé sur RTL au lendemain de la prestation de la candidate socialiste sur TF1.

"Or, on entend beaucoup les décisions faciles. C'est toujours plus facile de dire oui, d'augmenter les prestations, d'accroître les dépenses. C'est plus difficile d'assumer les responsabilités collectives d'une nation", a souligné le Premier ministre.

"Etre président de la République, c'est diriger une nation, c'est la mener, c'est l'entraîner, lui donner un cap. J'attends que la campagne prenne aussi cette hauteur-là pour dire aux Français où nous allons véritablement dans cinq ans", a-t-il poursuivi.

lundi 19 février 2007

La Ve République en question

Cette élection sera, il me semble, importante du point de vue des institutions. La question de savoir s’il faut maintenir, altérer voire détruire l’édifice institutionnel se posera aux électeurs.
On sait que la candidate du Parti Socialiste s’est prononcée, de façon assez floue et indécise, pour une « nouvelle République. » Il faut d’ailleurs noter que son porte-parole, Arnaud Montebourg, est l’un des partisans ardents d’une « VIe République. » Pour ce qui est du candidat de l’UMP, il s’est régulièrement exprimé pour une nette présidentialisation du régime, appuyée par des modifications constitutionnelles. Quant à François Bayrou, il propose de soumettre par référendum une nouvelle Constitution, « assurant l'équilibre des pouvoirs entre le Président de la République et le Parlement et permettant le contrôle du gouvernement par l'Assemblée. »

Une Constitution solide et pérenne

Ma conviction est que la Constitution de 1958 a résisté à l’épreuve du temps, s’est montrée d’une grande souplesse au fil des ans autant que des configurations politiques, et qu’elle correspond à un socle stable, équilibré, durable, dont il n’est pas utile, pour le moment, de changer l’esprit. Cette aspiration n’est absolument pas de nature conservatrice : elle est surto
ut pragmatique. En effet, ce n’est pas en changeant les institutions que les problèmes de société trouveront de meilleures solutions : c’est aux hommes politiques d’en faire bon usage, et d’en utiliser les atouts pour faire avancer les réformes. D’autant que, pour ce qui concerne le rôle du chef de l’État, le texte de la Constitution peut donner lieu à suffisamment de nuances d’interprétation pour permettre à chacun d’orienter les pouvoirs publics sur la voie qui lui semble le plus conforme à l’intérêt général.
L’année prochaine, la Constitution aura cinquante ans. On aura certainement l’occasion de revenir sur les formidables apports dont elle a nourri et enrichi la vie politique française. Elle a notamment permis, exauçant là le vœu du général de Gaulle, de refonder un État vacillant, jadis ballotté au gré des alternances ministérielles (lot de la IIIe et de la IVe République), et de redonner à l’action publique une légitimité, ainsi que des impulsions fortes, régulières. En assurant au pouvoir exécutif une place centrale, elle conforte le primat de l’initiative sur l’immobilisme et empêche aux partis politiques, par le biais du Parlement, de paralyser le travail du gouvernement.
En ce sens, la proposition commune de Ségolène Royal et de François Bayrou visant à supprimer l’article 49-3 de la Co
nstitution n’est pas judicieuse : celui-ci permet au gouvernement de s’appuyer sur sa majorité pour faire passer un projet, en évitant, notamment, que l’opposition, par calcul, fasse obstruction.

Sarkozy, ou l’enterrement de la Ve République


Il est indispensable que chacun prenne conscience du fait que soutenir le candidat de l’UMP, c’est renoncer à l’esprit et à la lettre de la Constitution. Les déclarations de Nicolas Sarkozy sont, à cet égard, explicites. Que les gaullistes de l’UMP qui prétendent avoir obtenus, sur les institutions, des concessions du candidat, regardent la réalité en face et mesurent l’ampleur de leur échec. Ainsi, lors du Congrès du 14 janvier, le président de l’UMP déclarait :

« La démocratie irréprochable c’est un Président qui s’explique devant le Parlement. C’est un Président qui gouver
ne. C'est un président qui assume. On n'élit pas un arbitre mais un leader qui dira avant tout ce qu'il fera et surtout qui fera après tout ce qu'il aura dit ! »

Ces propos représentent la négation de l’esprit de la Constitution. J’ai relevé récemment, avec attention, les convictions exprimées par Alain Peyrefitte, en 1976, sur cet esprit, parce qu’elles appuient mon sentiment. Selon lui, moins le chef de l’État gouverne, plus il peut présider. Il est un gardien, un recours, un arbitre, - non un « leader. » Cette conception est celle des légitimistes, qui soutiennent que le Président de la République est celui de tous les Français, et qu’il ne doit œuvrer qu’au service de la nation, et dans l’intérêt de celle-ci.
Alain Peyrefitte pouvait là faire implicitement
référence à Valéry Giscard d’Estaing, centriste orléaniste qui faisait avancer la Ve République dans le sens de la présidentialisation. Le Président prenait, d’après lui, des décisions qui n’étaient pas de son niveau, et s’occupait de détails qui devaient être réglés par le chef du gouvernement, les ministres ou même à un niveau inférieur. Il n’était pas dans son rôle, celui de l’homme de la nation, qui doit s’élever au-dessus des petits problèmes et laisser la conduite de l’action gouvernementale au chef du gouvernement.
Autre point intéressant, M. Peyrefitte relevait que l’idée de présidentialisation s’inspirait du système américain. Or, il rappelait que les Etats-Unis, pays extrêmement décentralisé, étaient une fédération, composée de plusieurs dizaines d’États souverains dans le domaine de leurs co
mpétences, et que le pouvoir du Président était limité par l’existence de ces États puissants dans les attributions qui leur étaient réservées. Le Président américain ne s’occupe donc pas de détails, de la vie quotidienne, mais doit se cantonner dans un domaine réservée, celui des intérêts supérieurs de la nation.
Toujours d’après Alain Peyrefitte, président
ialiser la Ve République, c’est faire dévier le régime, en ce sens que l’on donne au Président des pouvoirs immensément étendus qu’il ne devrait pas avoir.

Je suis, pour ma part, résolument hostile à cette présidentialisation que Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux, présidentialisation à l’américaine comme en témoigne la restriction autoritaire du nombr
e de mandats à deux. Cette dernière ne pourra qu’affaiblir considérablement le Président, ainsi que restreindre ses marges de manœuvre, dans les dernières années de son second mandat, son avenir politique étant systématiquement scellé. En effet, le président américain est traditionnellement un « lame duck », un canard boiteux, en fin de second mandat.

À cette extension des pouvoirs et cha
mps d’action du Président («[Il] devra s'engager non seulement sur les grandes options mais aussi sur tout ce qui concerne la vie quotidienne des Français, sur leurs souffrances, sur leurs aspirations», vœux à la presse pour 2006) s’ajoute, dans le projet de Nicolas Sarkozy, une diminution de ceux du Premier ministre. Il est ainsi proposé que le chef du gouvernement, - dont il est affirmé que la fonction doit être conservée, ce qui est déjà bien, - ne devienne plus qu’«un outil nécessaire à la coordination de l’équipe gouvernementale» (ibid.) Dans la même déclaration, figure cette précision :

« Une nouvelle rédaction de la Constitution devrait prévoir que le Premier ministre "coordonne l'action du gouvernement" a
lors que le texte actuel dispose qu'il la "dirige". Le gouvernement devrait être limité à une quinzaine de ministres pleins et le nombre de départements ministériels, ainsi que leurs attributions, fixés par une loi organique. »

Je remarque que cette restriction du nombre de ministr
es à une quinzaine n’a, du fait qu’elle soit imposée par la loi, que peu de sens, et qu’elle participe surtout d’une logique largement libérale: en diminuant le nombre de ministres, on restreint le nombre de représentants de l’État, donc on affaiblit l’État au profit d’autres acteurs. Ce n’est pas ce que je souhaite pour la France, qui doit avancer « sur deux jambes » : la liberté d’entreprendre et la propriété privée d’un côté, la solidarité et le sens du bien commun de l’autre.

Dominique de Villepin, ou la filiation gaulliste

Pour finir, le Premier ministre, s’il acceptait de mener cette bataille présidentielle, serait le seul candidat crédible susceptible de
renforcer la Ve République, et, éventuellement, de la moderniser sans en bouleverser l’esprit. Dans ses déclarations, il s’est, en tout cas, toujours montré soucieux de préserver cet équilibre qui a fait ses preuves, et notamment l’idée, spécifiquement française, de dyarchie entre le Président et le Premier ministre. S’il était élu, il est certain qu’il présiderait et ne gouvernerait pas : il deviendrait le Président de tous les Français, non celui d’un parti, d’une idéologie ou d’un clan. Il bâtirait l’avenir dans le cadre de son domaine réservé (terme crée par Jacques Chaban-Delmas), et laisserait au chef du gouvernement le soin de gouverner au quotidien et de régler les détails, les problèmes techniques. En ce sens, il serait le Président du Rassemblement, et du projet collectif. En outre, il veillerait « au respect de la Constitution », et assurerait, « par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. » Il serait « le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. » Et nul doute qu’il serait scrupuleux sur la séparation des pouvoirs, - l’exécutif, le législatif et le judiciaire.
Pour le reste, ses compétences en matière de politique étrangère ne sont pas à démontrer, - ce qui contraste fortement avec tous les autres candidats, - et il a suffisamment de sagesse, de recul et de
sens de l’État pour conduire la France de façon juste et cohérente. Il ne dresserait pas une France contre l’autre, mais unirait les énergies au service d’une même ambition, qui transcenderait tous les clivages. Pour la défense de la Ve République et le Salut de la nation contre les périls de la division, la candidature de Dominique de Villepin s'impose.

samedi 17 février 2007

Pour 79% des Français, l'élection n'est pas jouée

PARIS (Reuters) - Pour près de 80% des Français, l'élection présidentielle n'est pas jouée à neuf semaines du premier tour, selon un sondage Ifop à paraître dans Le Journal du Dimanche.

Quelque 79% des 963 personnes interrogées les 15 et 16 février par l'Ifop estiment que beaucoup de choses peuvent se passer d'ici le 22 avril.

Les sondés sont 17% à juger que l'élection est déjà jouée en faveur de Nicolas Sarkozy. Ils sont 11% à le penser chez les sympathisants du Parti Socialiste et 27% chez les sympathisants de l'UMP.

Seuls 4% des Français jugent que les jeux sont faits en faveur de Ségolène Royal. Ils sont 8% à afficher cette opinion chez les sympathisants du PS et 1% chez les sympathisants de l'UMP.

jeudi 15 février 2007

À la croisée des chemins, un combat plus que jamais nécessaire

Deux articles récents (l’un de l’Express : Quand Villepin voulait se déclarer ; l’autre du Figaro : Villepin pressé par ses amis de rester en politique) ne sont pas encourageants pour ceux qui soutiennent le Premier ministre : il aurait rendu les armes, après avoir longuement tergiversé, et se refuserait de mener personnellement cette bataille présidentielle. En outre, il «déprimerait» et serait peut-être prêt à quitter la vie politique.

N’ignorons pas cette réalité : à l’heure d’aujourd’hui, Dominique de Villepin se trouve dans une situation extrêmement délicate. Son avenir politique se joue maintenant. Il est face à un immense champ de possibles : il peut soit se présenter, soit se retirer de la vie politique ou bien poursuivre son action dans une autre voie, comme celle d’un accès à la députation, - fonction qui ne serait certainement pas à sa pleine mesure.

Mon souhait est qu’il se pose une seule question : quel est l’intérêt de la France ?

Je ne suis pas le seul à penser qu’éluder cette question, ou ne pas y répondre pleinement, serait la pire chose à faire, à la veille d’une échéance si essentielle. Il faut savoir que plus que jamais, M. de Villepin a toutes les qualités requises pour devenir un grand Président de la République. Il en a l’étoffe, la dimension. Il en a l’ardeur. Son expérience, son courage sont de grands atouts. Sa lucidité, surtout. En dépit de ce que peuvent laisser penser certains médias, son analyse est celle qui colle le plus à la réalité d’aujourd’hui. Face à l’immense tentation d’aligner les promesses onéreuses (les programmes des deux favoris coûteront au moins 50 milliards d’euros à mettre en œuvre, sans que les moyens de financement ne soient précisés), d’être démagogue, de parler aux Français pour susciter leur sympathie mais jamais à la France, Dominique de Villepin est le seul qui puisse porter haut l’exigence d’une France forte et rassemblée.
C’est le seul qui puisse parler aux jeunes sans la condescendance qu’ont les médias et les principaux candidats à leur sujet. Le seul qui puisse promettre aux classes populaires non pas toujours plus d’aides sociales pour les écarter de la logique économique, ni toujours plus de perméabilité aux aléas de l’économie (au risque de voir le fossé entre « riches » et « pauvres » toujours plus grand, mais jusqu’à où ?), mais une participation réelle à un effort collectif. C’est le sens de la formule : « Avançons ensemble. » Au-delà du slogan, c’est la philosophie d’un projet pour la France. Celle qui, en tout cas, a guidé l’action de Dominique de Villepin à Matignon. La recherche d’un équilibre, et un renforcement allant de pair avec une modernisation du modèle social français. Aucunement une rupture, mais une évolution conforme au génie français, qui ne pourra pleinement s’exprimer ni avec Nicolas Sarkozy, ni avec Ségolène Royal, - ni avec la droite décomplexée, ni avec la gauche passéiste.


Les Français vont devoir élire, au bout du chemin, un homme d’État.

Or ni M. Sarkozy, dont l’exercice du pouvoir jusqu’à maintenant est la négation de cette exigence qui place l’homme en deçà de sa fonction, ni Mme Royale, dont l’inexpérience, l’irréalisme et l’aveuglement sont des gages de trouble, ne sont à la hauteur de la Présidence de la République telle que la conçoit notre Constitution. La France doit rester la France. Chaque Français n’est jamais autant lui-même que lorsqu’il sert la France, et ne sacrifie pas aux divisions, aux petites querelles et aux intérêts particuliers. Pour que vive la République et que vive la France, Dominique de Villepin doit remporter la bataille de 2007. Si nous n’en prenons pas conscience, demain il sera trop tard…

Les gardiens d'un idéal

Je n’ai pu le faire hier, mais je tiens à rappeler que le 14 février était la date d’anniversaire du discours, si essentiel, de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’ONU en 2003. Il est possible d’en lire l’intégralité ici ; en voici la superbe conclusion :

« Monsieur le président, à ceux qui se demandent avec angoisse quand et comment nous allons céder à la guerre, je voudrais dire que rien, à aucun moment, au sein de ce Conseil de sécurité, ne sera le fait de la précipitation, de l'incompréhension, de la suspicion ou de la peur. Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix. Et c'est un vieux pays, la France, un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'Occupation, la barbarie. Un pays qui n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face à l'Histoire et devant les hommes. Fidèles à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. »

lundi 12 février 2007

Villepin critique le programme de Ségolène Royal

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre, Dominique de Villepin, dénonce dans le programme présidentiel de la candidate socialiste Ségolène Royal "un retour à la dépense publique inconsidérée".

"La crédibilité retrouvée de notre pays en matière financière, les efforts qui ont été faits par les Français au cours des dernières années nous permettent aujourd'hui d'aborder l'avenir avec optimisme : Eh bien tout cela serait remis en cause par un retour à la dépense publique inconsidérée, par un retour à l'absence de responsabilité?", a-t-il lancé à l'issue de la IIe Conférence nationale des finances publiques.

Rappelant que la France dépense 100 millions d'euros par jour pour payer les intérêts de la dette publique, le chef du gouvernement s'est interrogé : "Faut-il en rajouter, faut-il aller plus loin, faut-il revenir aux errements du passé?"

"Je crois que nous avons tous payé très cher, collectivement, l'irresponsabilité dans ce domaine. Nous avons retrouvé le chemin de la responsabilité, de la dignité pour la France. Je crois qu'il est important de s'y tenir", a-t-il souligné.

Dominique de Villepin a jugé plusieurs des propositions de Ségolène Royal "peu réalistes" et s'est inquiété de leur financement global.

"Je pense en particulier à la fusion GDF-EDF : c'est totalement inacceptable pour nos partenaires européens, pour l'Union européenne", a-t-il dit.

dimanche 11 février 2007

Un Comité interministériel en direct de l'hôtel Matignon

On a peu parlé de l’initiative originale du Premier ministre d’ouvrir le Comité interministériel sur l’Europe du 6 novembre 2006 aux caméras. Comme c’est une façon privilégiée de voir le gouvernement au travail, - et un pas vers un fonctionnement plus transparent de la démocratie, - je rappelle que cette séance inhabituelle est consultable sur ce lien.

Voici, au reste, la description de l'événement telle qu'elle a été faite par la Lettre d'information du portail du gouvernement:


Le Gouvernement veut promouvoir une Europe des projets concrets


Énergie, directive européenne sur le temps de travail et finances publiques : ces trois sujets étaient à l’ordre du jour du Comité interministériel sur l’Europe du 6 novembre, présidé par le Premier ministre et diffusé pour la première fois en direct sur la chaîne Public Sénat. Les neuf ministres présents ont également évoqué la préparation du Conseil européen de décembre consacré à la capacité d’absorption de l’UE et à sa stratégie d’élargissement.

vendredi 9 février 2007

Éclairages sur l’action gouvernementale

S’il est un élément indispensable qui doit nourrir l’analyse de tout citoyen dans la perspective de l’élection présidentielle, c’est celui de la bonne perception de l’action engagée par Dominique de Villepin et son gouvernement. Pour pouvoir évaluer de façon juste le travail accompli, et, à partir de là, se forger sa propre opinion, il faut, en effet, en avoir la meilleure connaissance possible. Seulement, avoir une vision d’ensemble de la politique menée depuis juin 2005, - sur les bases de celle initiée en 2002, - n’est pas chose facile. Cela exige de se documenter, et de faire un effort d’information.
Il faut dire que les médias, - et je pense notamment à la télévision, mais aussi à la radio, ou aux relais de dépêches sur Internet, - font défiler des informations de diverses nature à un rythme soutenu, de telle façon que l’on passe souvent à côté des décisions, - multiples, régulières et diverses, - prises par le gouvernement, et évoquées, la plupart du temps, trop brièvement.

Deux questions, au demeurant, se posent : Comment se souvenir de ce qui a été fait il y a quelques mois, avec la quantité d’informations à laquelle nous sommes, chaque jour, confrontés ? En outre, si de grands quotidiens nationaux comme Le Monde ou Le Figaro proposent une analyse de ces décisions gouvernementales, ainsi que des réflexions rétrospectives les concernant, combien de lecteurs totalisent-ils, face aux millions de Français qui regardent, chaque soir, le journal de 20 heures ?

En vérité, mon sentiment est que l’on ne rend pas assez justice à l’action de Dominique de Villepin, au sens où elle demeure relativement méconnue, dans sa richesse et sa densité, du grand public. Il est facile de retenir la crise du CPE ou telle anecdote sur le chef du gouvernement, alors qu’il est moins évident de mesurer pleinement l’effort de modernisation engagé ainsi que les solutions, pour certaines très concrètes, qui ont été apportées aux différents problèmes des Français.


Comment mesurer cette action ?


Je ne tiens pas à être exhaustif, mais il me semble utile de rappeler que lorsque Dominique de Villepin est arrivé à Matignon, il a exprimé sa volonté de tenir, chaque mois, une conférence de presse permettant à la fois de faire le point sur les résultats obtenus, de fixer des caps et de rendre compte de la politique mise en œuvre par le gouvernement. Cet engagement a été tenu, et a offert l’occasion au Premier ministre d’évoquer, avec une échéance régulière et en des lieux variés, - Chartes, Bobigny, Rambouillet…, - sa politique, et ce d’une façon à la fois claire et audible. Les vidéos de ces conférences de presse présentent, au reste, l’intérêt primordial d’être consultables par tous sur le site de Matignon.
Toutefois, je regrette deux choses à leur propos. D’abord, que leur existence, et le fait qu’il soit facile de les visualiser, n’ait pas été rappelé plus régulièrement. Le Premier ministre ou le porte-parole du gouvernement auraient sûrement gagné à le faire, lors d’émissions de grande écoute par exemple. Ensuite, que les versions présentées sur le site de Matignon soient souvent raccourcies : ce sont des synthèses, qui auraient mérité d’être plus étendues.

Je profite de l’évocation de ces conférences pour souligner l’extrême qualité, dans un autre registre, des vœux du Premier ministre à la presse pour 2006. Cela fait maintenant plus d’un an qu’ils ont été prononcés, mais on y voit très bien la passion, l’engagement et l’ambition pour la France de M. de Villepin. Prononcés sans notes, dans un style enthousiaste, ils révèlent une ardeur, une combativité, et une faculté d’analyse au service de l’intérêt général. On ne peut pas ignorer cette dimension, cette ampleur, qui ne sont pas communes à tous les hommes politiques.


mardi 6 février 2007

La troisième voie

Un des sens de mon engagement en faveur de Dominique de Villepin tire sa source dans la lutte contre la résignation. La liste officielle des candidats à l'élection présidentielle n’étant pas encore scellée, - elle sera publiée le 20 mars, - je crois qu’il est indispensable que chaque citoyen fasse vivre intensément ses convictions, et se prononce selon son désir. Le jour du premier tour, chacun devra certes voter avec gravité, responsabilité, mais aussi enthousiasme et ferveur. Si le choix des postulants n’est pas satisfaisant, ou ne correspond pas à un choix profond, voulu, le résultat risque d’être décevant, voire de réserver une surprise, comme cela a été le cas en 2002.

Le centre, une alternative crédible ?


Face à la bipolarisation excessive de l’enjeu, - qui donne le sentiment d’être déjà au second tour, - on peut voir, ces derniers jours, certains médias, - qui sont pourtant les premiers responsables de ce phénomène, - s’i
nterroger en ces termes : une troisième voie est-elle possible ? À cette question, le plus tentant est de répondre : même si son accès au second tour n’est pas acquis, François Bayrou est le mieux placé pour fédérer ceux qui aspirent à autre chose. Mais que propose M. Bayrou ?
Déjà, pour situer sa candidature, il convient de dire que le centrisme ne s’est jamais imposé naturellement en France. Les deux forces qui l’entourent y sont, en effet, historiquement, bien plus fortes, et bien plus puissantes. Surtout, M. Bayrou caresse le rêve de nommer un gouvernement d’union nationale, une coalition réunissant diverses sensibilités. Cette aspiration me paraît tout à fait utopique, et irréaliste : comment imaginer qu’en faisant travailler ensemble des hommes et des femmes dont les convictions s’opposent, la France sera mieux gouvernée ? Un tel scénario s’apparenterait plutôt à un cauchemar : il fragiliserait l’État, la cohérence de son orientation, et pourrait donner lieu, à terme, à des crises politiques importantes, les unions de circonstance n’étant pas durables.
Un des arguments employés par M. Bayrou est de prendre appui sur la coalition gouvernementale d’Angela Merkel, en Allemagne, pour montrer qu’avec de la bonne volonté, une telle union, - en l’occurrence Démocrates-chrétiens et Sociaux-démocrates, - peut marcher. Or, il faudrait rappeler que ce gouvernement est né dans la contrainte, et que son bon fonctionnement est soumis à de nombreux obstacles, liés notamment aux intérêts divergents des forces qui le composent. En outre, il faut rappeler qu’en Allema
gne, la culture de l’accord prévaut davantage qu’en France. L’opposition entre gauche et droite y est aussi moins marquée par l’idéologie.

Les retards de la gauche


J’insiste sur ce point, parce que la gauche française n’a pas épousé le même mouvement que celui des autres gauches europée
nnes. Au lieu de marcher résolument vers le réalisme économique et le pragmatisme politique, elle a préféré une attitude ambiguë qui pénalise son essor et affaiblit sa crédibilité. Le programme du Parti socialiste est à cet égard édifiant. Comment moderniser la France avec la volonté de généraliser les 35 heures, - accomplissant-là l’ambition du programme du 1981 : la « diminution progressive du temps de travail vers les 35 heures », quand une souplesse et des aménagements branche par branche sont nécessaires, - et de revenir sur la réforme des retraites, - rebâtissant l’acquis de 1981, celui de « l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans », alors que le vieillissement de la population et le déséquilibre démographique imposent un autre regard sur ce dossier, ce que tous les autres pays développés ont bien compris.


Aux fondements du gaullisme

En réalité, cette troisième voie, - champ d’action naturel et historique du gaullisme, - qui peut mieux l’incarner que M. de Villepin ? Ce large rassemblement au-delà des deux camps et autour des valeurs qui font la France, pour le progrès économique, pour la croissance sociale, pour une politique internationale ambitieuse, pour la relance de la construction européenne, quel candidat serait mieux à même de lui donner toute sa dimension ? Le 6 mai prochain, il s’agira d’élire un Président de la République pour cinq ans, pendant lesquels notre pays devra à la fois se moderniser et rester lui-même, fidèle à son identité et à son histoire. Le chef de l’État, qui se trouve au sommet des institutions, est une
figure centrale de notre vie politique, et doit guider la nation toute entière vers deux voies : celle de la prospérité sur le plan intérieur, et du rayonnement diplomatique sur le plan extérieur. Son rôle est, en ce sens, déterminant pour l’évolution de notre société. Il ne saurait être question de rupture avec ce qui fait la France, mais de modernisation et d’esprit de conquête. Je suis convaincu que Dominique de Villepin est le mieux placé pour fédérer, pendant et après l’élection, une France encline à se diviser, représenter l’idéal d’un pays fort, rassemblé, et traduire dans les faits, concrètement, les engagements pris.

Trouble campagne

Je souhaite que cette élection présidentielle soit un rendez-vous réussi avec la France. L’avenir de notre pays en dépend. Seulement, je constate avec amertume que, pour l’instant, la campagne, qui rythme l’actualité médiatique, n’est absolument pas à la hauteur des grands enjeux de cette consultation nationale. Il n’est pas anodin que le Premier ministre ait exprimé, mardi 30 janvier à l’Assemblée nationale, son désir de la voir «marquée par la dignité, par l’honneur, par la responsabilité, par l’engagement. » Il a, au reste, - et cette déclaration pouvait viser les deux camps, - appelé à ce que « chacun se tienne debout, et pas dans les coins, sous les portes, dans les endroits les plus humides de la République, où personne ne se grandit. » Avant de conclure, il a rappelé que la République se tenait droit, et que les membres du gouvernement étaient debout, à trois mois du scrutin.

dimanche 4 février 2007

Villepin à Beaubourg

Le Premier ministre était, mercredi 31 janvier, l'invité de l'émission le 7-9h30 sur France Inter, à l’occasion du 30e anniversaire du Centre Pompidou. Il est possible d’écouter sa très belle intervention sur le site de la radio.

Il manque toutefois la seconde partie de l'interview, que voici:

Retour donc au Centre Pompidou qui fête aujourd’hui même, jour pour jour son trentième anniversaire. Emission spéciale dans les 7-9.30 de France Inter, puisqu’on est avec Dominique de Villepin. Et depuis 8 heures 15 environ, on déambule au 5e étage du Centre Pompidou, devant les collections d’art moderne. Allez, avant de regagner le studio au 6e étage, Dominique de Villepin, un mot de cette toile,là, qui nous fait face, on la doit à Pierre Soulages.

Une toile merveilleuse et qui montre à quel point, avec quelle générosité, Pierre Soulages arrive avec ses noirs, avec ses ultra-noirs, avec ses brous de noir à faire exploser la lumière. C’est un peintre qui sera à l’honneur à la fin de la semaine, puisqu’il y aura l’inauguration du musée Fabre à Montpellier, une nouvelle occasion de fêter l’un des grands, grands artistes français et un homme merveilleux.

Et contrairement à ce que dit Johnny Halliday, "Noir c’est pas noir" hein quand on voit Soulages.

C’est vrai, au contraire, il arrive à la faire parler, on l’a vu à l’abbaye de Conques, comment il arrive à faire passer la lumière, à montrer la lumière et à montrer l’extrême diversité du noir, qui selon les heures de la journée, selon les expositions arrive à exprimer des sentiments et des images différentes.

Allez, on va monter au 6e étage, en continuant donc notre déambulation dans les galeries d’art moderne. Faites attention à la sculpture d’Etienne Marcel, qui est magnifique là, nous avons devant nous les toiles de Nicolas de Stael que je citais tout à l’heure pour Joël Collado pour décrire le ciel, alors oui, un Zao Wou Ki.

Un magnifique Zao Wou Ki, parce que c’est un Zao Wou Ki extrêmement précoce, du début des années 50, quand il est encore très imprégné de l’influence de Paul Klee, très marqué par l’influence de la Chine, son pays d’origine et peu à peu il va se dégager de tout cela pour écrire cette merveilleuse page de la peinture entre l’Orient et l’Occident avec des paysages extraordinaires qui reflètent à la fois la magie et la lumière encore, comme Pierre Soulages.

C’est,avec Soulages, l’un de vos peintres préférés ?

Oui, ce sont deux hommes qui s’estiment et qui s’aiment énormément, ce sont des compagnons de route. On a toujours plaisir à bavarder avec eux.

Bruno Racine, vous êtes le directeur du Centre Pompidou, président, oh, carrément, nous avons un Premier ministre et un président ce matin.

Bruno Racine : Chaque chose à sa place.

Bon anniversaire, donc 30 ans, le plus bel âge de la vie pour un centre comme celui-là ?

B.R. : C’est l’âge de la maturité et qui montre que le pari de Georges Pompidou a été tenu, c’est formidable.

Alors voilà, on est dans les escalators du Centre Pompidou, et vous entendez à nouveau, en boucle la musique lancinante de l’artiste suisse Pipilotti Rist, une musique absolument magnifique, sensuelle, aquatique, disais-je tout à l’heure et la projection pour les 30 ans du Centre Pompidou, la nuit sur le Parvis d’une œuvre géante donc de cet artiste Pipilotti Rist. Voilà Paris devant nous, Dominique de Villepin, à nous deux Paris, est-ce que vous vous êtes déjà dit ça dans votre vie ?

Non, je ne me suis jamais dit ça, j’aime Paris tel qu’il est, on voit cette Tour Eiffel qui a tellement été traitée par Robert Delaunay, Sonia Delaunay, dont Blaise Cendrars était amoureux. Il y a quelques instants, parce que le jour n’était pas levé, on voyait effectivement cette œuvre présentée sur le parvis et les chiens courir après les images, les belles images sur la ville de Paris.

C’est une ville qui est aujourd’hui, dit-on, devenue un musée, le patrimoine a ses règles. Et on se demande si trente après, en 2007, un homme politique serait assez fou pour décider de mettre en plein Paris une usine à gaz de couleur comme Beaubourg, vous auriez pris cette décision ? Vous pouvez me répondre, non franchement, Dominique de Villepin, on sait que le lobby du patrimoine est puissant et qu’on aime beaucoup les vieilles pierres.

Je suis amoureux du Centre Pompidou depuis l’origine et plein d’admiration pour les architectes qui ont réussi à le concevoir, mais je crois que le Quai Branly, la Pyramide de Paix montrent que l’histoire n’est pas finie et que Paris continue à vivre. Vous savez on a un grand prédécesseur, le baron Hausmann qui a eu le courage de repenser Paris, de remodeler Paris. Et je crois que la responsabilité des hommes politiques, des citoyens, c’est d’habiter une ville, mais aussi de la changer, de la transformer Alors il faut bien sûr la respecter et s’inscrire dans un minimum de règles. Mais penser l’avenir, penser l’habitat, penser la qualité de la vie de nos concitoyens, on le voit, pour faire la place nécessaire aux transports en commun. Pour créer des espaces collectifs, des espaces de rencontres, des espaces d’art, tout ceci demande beaucoup d’imagination et surtout le croisement des architectes, des urbanismes, du citoyen qui a son mot à dire. Des responsables politiques, donc vous voyez, c’est une aventure qui est une grande aventure collective.

Allez je vous en prie, installez-vous Dominique de Villepin, on a rejoint le studio de France Inter au 6e étage du Centre Pompidou pour Inter-activ, 01.45.24.70.00, j’attends évidemment toutes vos questions sur ce trentième anniversaire. Sur l’art, sur la politique culturelle, sur l’exportation également des musées à l’étranger. On sait qu’il y a un projet du Centre Pompidou du côté de la Chine, à Shanghai. Mais Dominique de Villepin, je tiens à vous le dire aussi, il y a énormément de questions sur le chômage, sur l’emploi. On est dans un lieu démocratique, une radio démocratique dans un lieu démocratique. Les questions donc des auditeurs également sur le sujet. Frédéric nous appelle de Bordeaux, première question, bonjour à vous et bienvenue dans Inter-Activ.

Frédéric : Bonjour ! Merci d’avoir pris ma question, c’était une question assez personnelle à l’intention de monsieur le Premier ministre. Je crois savoir que vous vous intéressez aux arts premiers ou arts primitifs, enfin je n’aime pas trop ce terme, himalayen, enfin de cette région de l’Inde. Vous vous intéressez également aux arts premiers, primitifs, africains. Je voudrais savoir comment vous avez évolué de l’un à l’autre. Sachant que, eh bien dans ma démarche personnelle j’ai du mal à évoluer de l’un à l’autre.

Eh bien Dominique de Villepin va vous raconter ça, Frédéric.

Ce sont des chemins un peu personnels. D’abord, la géographie, j’ai habité trois années en Inde, donc j’ai découvert les arts primitifs indiens et notamment toute la région de l’Orissa et du Madhya Pradesh qui sont très liés à des cultes primitifs. Très liés, comme on le voit en Afrique aux appels de l’homme à la moisson, à la santé, au bonheur familial. Et donc ces figurines avaient une vocation propitiatoire, comme souvent en Afrique ces figurines ou ces masques sont des éléments d’intercession vis à vis des dieux. Mais je crois que c’est finalement une même image du sacré que l’on retrouve partout dans l’art. Et les images que nous avons vues, les tableaux que nous avons vus ce matin, qu’il s’agisse de Soulages, de Pollock, ce sont finalement en permanence des grandes interpellations, des grands cris qui sont poussés face à la vie. Des hymnes à la beauté, on l’a vu avec le tableau de Robert Delaunay, mais aussi la volonté d’aller plus loin, d’écorcher la vie, les tableaux de Fautrier "L’écorché", "Les otages" au lendemain de la guerre sont là pour nous le dire. Donc, il y a en permanence la volonté de voir derrière ce qui est vu tous les jours quelque chose d’autres. De voir, derrière les êtres humains quelque chose d’autres et de les faire parler. On a besoin de cette humanité, on a besoin de la faire apparaître, de la faire sourde, de la faire hurler, tant le silence de nos villes, le silence de nos vies est si fort, si accablant. On a besoin, on a besoin d’aimer et finalement l’art nous y aide.

Cathy nous appelle des Côtes d’Armor, bonjour à vous et bienvenue sur France Inter.

Cathy : Bonjour monsieur Demorand, bravo pour vos émissions et merci de parler de culture. Bonjour monsieur le Premier ministre, sauf le respect, je voudrais vous dire que vous faites vraiment de très très belles phrases, mais que pour moi, il y a un hiatus criant, depuis des années, entre le beau discours et notamment le problème récurrent des intermittents. La pauvreté des subventions spectacles vivants, les coupes drastiques dans les budgets des instituts français dans le monde, notamment. Cependant, je voudrais juste terminer, je voudrais vous dire bravo, pour votre éloge du noir chez Soulages, en espérant que cela aidera le Cran dans son action pour les noirs qui ne sont pas que des tableaux, merci.

Voilà, le Cran, c’est le Conseil représentatif des associations noires de France, réponse de Dominique de Villepin.

Vous savez, Madame, je respecte beaucoup ce que vous dites, vous exprimez votre propre expérience et donc, le propre regard que vous portez sur les choses et à ce titre, il mérite bien sûr d’être entendu et nous devons faire en sorte, constamment de faire mieux. Ce n’est pas tout à fait juste néanmoins, vis à vis de l’action que nous avons engagée dans le domaine de la culture, puisque le budget 2007 pour parler chiffres. Le budget 2007 du ministère de la Culture a augmenté de 6 % et l’effort que nous faisons au cours des dernières années en matière de patrimoine, en matière de musée, en matière de politique du livre a connu une impulsion tout à fait considérable. Je prendrai quelques mesures qui changent la donne et vous savez il faut de l’humilité pour un homme politique pour, au quotidien voir parfois balayé d’un revers de main tout ce qui demande, croyez-moi beaucoup d’heures de travail, beaucoup d’années sans congés, beaucoup de sacrifices. Eh bien l’abattement de 50 % pour les cinq premières déclarations fiscales de revenus des artistes, voilà un élément qui change la vie d’un jeune artiste. Vous êtes un jeune artiste, vous voulez vous engager dans la vie, le fait de pouvoir déduire 50 % durant ces cinq premières années, vous permet de vous lancer, cela fait la différence. Le passage de la TVA à 5,5 % au lieu de près de 20 % pour les installations de vidéos, de nouvelles formes artistiques, voilà aussi quelque chose qui change la vie des artistes. L’extension de la dation, on a vu tout à l’heure un merveilleux Pollock qui est le fruit d’une dation, eh bien l’extension de la dation aux œuvres d’artistes vivants. Cela veut dire que les artistes...

C’est-à-dire des particuliers qui donnent les œuvres aux centres culturels.

Des particuliers qui donnent et qui peuvent déduire des impôts sur les successions, eh bien ces montants. Eh bien cela change aussi la vie des artistes vivants que l’on pourra enfin collectionner dans notre pays. Alors vous apportez un témoignage sur les intermittents, je peux dire que le ministre de la Culture, comme moi-même, nous avons passé un temps infini...

Pour un problème qui n’est toujours pas réglé Dominique de Villepin.

Pour un problème qui est en partie réglé, qui est en partie aussi, ne l’oublions pas et d’abord peut-être la responsabilité des partenaires sociaux. L’Etat fait plus que son travail dans ce domaine, je crois qu’il faut le rappeler, donc, on peut toujours et vous avez raison - il faut en permanence interpeller, en permanence exprimer son insatisfaction. Mais il faut de temps en temps avoir la délicatesse de reconnaître ce qui est fait et qui demande beaucoup de mal. Sans quoi, vous savez, il y aura bien peu de monde pour apporter le meilleur de lui-même au service de notre pays. Donc, un tout petit peu de reconnaissance, cela ne fait pas de mal de temps en temps.

Un mot Dominique de Villepin, Cathy disait, le noir de Soulages, ce n’est pas qu’une couleur, ce n’est pas qu’une peinture, c’est également une couleur de peau. Et il y a une enquête aujourd’hui qui a été publiée justement à l’instigation du Grand conseil représentatif de l’institution noire. Enquête TNS SOFRES, plus de la moitié des noirs de France se disent, à des degrés divers, victimes de discrimination, réaction, analyse ?

Eh bien réaction, analyse, regardez ce que nous avons fait depuis deux ans dans la lutte contre les discriminations.

Oui, mais ils le disent, aujourd’hui, dans les six derniers mois, les douze derniers mois.

Monsieur Demorand, moi je ne prétends pas régler tout d’un coup, de baguette magique. Et je prétends que celui vous dira ça est un menteur, c’est un long travail, pourquoi ? Parce que si, racisme, il y a, il est dans les esprits et ceci vous ne l’éradiquer pas avec une mesure, quelle que soit la qualité. Il faut donc faire ce travail, ce que nous avons fait contre les actes racistes et anti sémitistes. Et nous avons aujourd’hui baissé de 40 % ces actes odieux dans notre pays au cours des quatre dernières années, ça c’est un résultat concret qui est salué par l’ensemble des organisations internationales et qui fait de notre pays, en matière d’exigence, mobilisation de la justice, mobilisation des forces de sécurité pour mobiliser de tels actes, un exemple. Il faut aller plus loin, je ne cesse de me battre pour que chacun, noir, quelle que soit son origine, quelle que soit sa couleur de peau, quelle que soit sa religion puisse trouver toute sa place dans la république. Quand je me bats pour une république qui justement fait sa place à chacun, qui justement est celle de l’égalité des chances. Quand nous avons mis en œuvre toutes les mesures que nous avons mises en œuvre au lendemain de la crise des banlieues pour essayer d’améliorer les choses, nous n’avons pas tout réglé. Mais nous avons fait, croyez-moi un solide pas dans une bonne direction et chacun doit porter aussi sa part de fardeau.

Je m’insurge contre une république où il y aurait des citoyens d’un côté, des responsables politiques de l’autre. Des citoyens qui revendiqueraient à longueur de journée, des hommes politiques qui seraient mis sur la sellette, la démocratie c’est le travail des uns et des autres. Et grâce à dieux, nous avons des associations, nous avons des collectivités, nous avons des hommes et des femmes qui dans notre pays s’engagent. Alors sortons de ce manichéisme stupide, sortons de cette volonté, en permanence de mettre en accusation les uns et les autres et sachons reconnaître la bonne volonté et les progrès quand il y en a. Or, monsieur Demorand, il y en a !

Pour ou contre les statistiques ethniques Dominique de Villepin, c’en est une ça ?

Je suis contre les statistiques ethniques, on ne peut pas me dire à la fois : ne montrez pas du doigt, ne mettez pas en procès tel ou tel à cause de la couleur de sa peau - et en même temps, vouloir en permanence comptabiliser. Que nous ayons par des méthodes aléatoires et ces méthodes statistiques existent, une meilleure connaissance des différentes situations et notamment des inégalités. Que nous mettions en place tous les moyens nécessaires, pour, au niveau de l’emploi dépasser des barrières qui sont aujourd’hui inacceptables. Bien sûr ! Donc je crois que l’on peut améliorer les choses, on peut le faire, mais tomber dans le comptage ethnique, eh bien écoutez, c’est aboutir finalement à ce que font certains pays, c’est-à-dire sur la carte d’identité, la couleur de votre peau et votre religion, je crois que ce serait une régression dans notre pays.

Stéphane nous appelle de Dordogne, bonjour à vous et bienvenue sur France Inter.

Stéphane : Oui bonjour Messieurs, j’avais une question simple, parce que monsieur le Premier ministre a fait l’annonce que le nombre de chômeurs était en baisse.

On entend un petit bébé qui pleure derrière.

Stéphane : Oui, tout à fait ! Donc moi j’ai entendu dire un peu partout, que dans le nombre de chômeurs, on ne compte pas les personnes de plus de 55 ans qui sont rayées des listes. On ne compte pas les érémistes, on ne compte pas les stagiaires qui sont des chômeurs qui ont trouvé des stages temporaires. Donc je voudrais savoir ce que monsieur le Premier ministre entend par chômeurs.

Dominique de Villepin vous répond.

Ecoutez le chômage est comptabilisé en France, selon les mêmes règles depuis maintenant plusieurs dizaines d’années. Ce sont les règles du Bureau international du travail, les mêmes règles qui étaient appliquées sous le gouvernement socialiste de monsieur Jospin, sous celui de monsieur Raffarin et sous le mien. Si au football, demain, quand vous regardez votre match, vous avez la surprise de découvrir que les joueurs prennent le ballon avec la main et que l’arbitre ne siffle pas. Alors vous êtes en droit de considérer que ce n’est plus du football. En matière de lutte contre le chômage, ce sont les mêmes outils, il faut donc respecter ce que donne le thermomètre. Simplement, il y a un fâcheux penchant dans notre pays. Quand les choses vont mal, tout le monde reconnaît la qualité de l’outil, cela nous est arrivé au début de 2006, le chômage a connu une recrue - nous a conduit d’ailleurs à prendre de nouvelles mesures pour lutter encore davantage contre ce fléau, personne n’a alors rien dit. Nous avons, par une mobilisation sans précédent, car je suis le premier gouvernement, on peut le dire sans jambage, et je suis heureux de le dire sur France Inter, qui n’a refusé aucun moyen. Nous avons pris ce qui avait marché sous des gouvernements de gauche, ce qui avait marché sous des gouvernements de droite et nous avons été encore plus loin. Tous les moyens ont été mobilisés, eh bien c’est ce qu’explique la baisse sans précédent que connaît notre pays. Une baisse qui sera la plus forte depuis vingt ans.

Et quand on dit que les emplois sont de mauvaise qualité, c’est-à-dire, ce sont des emplois qui renforcent la précarité, on sait que c’est une réalité ça aussi, tout de même en France Dominique de Villepin, aujourd’hui. Des CDD, des emplois précaires, pas d’emploi au long court et donc des petites améliorations.

Dans les statistiques du chômage, c’est l’ensemble des catégories. Personne ne peut dire aujourd’hui que ce sont seulement des emplois intérimaires ou des CDD qui constituent l’amélioration de la situation de l’emploi. L’ensemble des contrats progresse et s’améliore. Donc, je pense qu’il ne faut absolument pas tomber dans l’idée que nous aurions aujourd’hui une progression qui serait due à une montée de la précarité, ce n’est pas vrai. C’est du à une montée de l’activité, plus de croissance, parce que nous avons créé les conditions de la croissance. Plus de compétitivité et nous constatons d’ailleurs que tous les outils nous mobilisent et nous permettent d’aller plus loin.

Jean-Marc de Montpellier dit la chose suivante ; qu’il ne trouve pas, qu’il ne voit pas le rapport entre une petite baisse du chômage et l’impression qu’ont les Français que le chômage ne baisse pas. On parlait de la joie de vivre tout à l’heure, que répondez-vous à une analyse de ce type, on n’a pas le sentiment que cela change.

Vous savez, quand tous les matins, vous vous réveillez avec des radios, des télévisions, des médias qui vous rapportent des témoignages, qui, certainement sont une expression - mais qui ne sont certainement pas l’expression de tous les témoignages. Eh bien, forcément vous avez une certaine couleur de la journée qui se dessine, donc je pense,

Ce n’est pas de notre faute quand même Dominique de Villepin ?

Je pense, je pense que les mauvaises nouvelles ont plus d’impact que les bonnes, mais je pense aussi que vous vous trompez dans ce que vous dites. C’est-à-dire qu’au fond d’eux et d’ailleurs toutes les statistiques en témoignent, les Français commencent à se rendre compte que les choses changent. Et je prendrais un exemple, les meilleurs témoins du chômage, ce sont les maires, quand la situation va mal, les maires voient progresser le nombre de demandeurs d’emploi dans les communes. Eh bien il y a un phénomène général en France et c’est vrai dans toutes les mairies. Le nombre de demandeurs d’emploi baisse, ça c’est un élément indiscutable. N’oublions pas non plus que nous sommes en période électorale et que donc, l’enjeu, est-ce que cela va mieux ou est-ce que cela va moins bien ? Est un élément de la politique à la veille des élections. Moi je me bats pour que ce gouvernement travaille jusqu’au bout, au-dessus de tous les intérêts particuliers pour servir uniquement le bien-être des Français et croyez-moi, ce combat, il sera mené dans les meilleures conditions jusqu’à la fin.

Et vous ne vous présentez donc pas à l’élection présidentielle?

Et je ferai mon travail jusqu’au bout comme Premier ministre.

Merci infiniment Dominique de Villepin, on va vous laisser filer, parce que je crois que vous avez Conseil des ministres, on est mercredi, il est 8h57, alors à moins que vous ayez encore trois minutes, alors à ce moment là soyez le bienvenu.

Je vous remercie !