mardi 6 février 2007

La troisième voie

Un des sens de mon engagement en faveur de Dominique de Villepin tire sa source dans la lutte contre la résignation. La liste officielle des candidats à l'élection présidentielle n’étant pas encore scellée, - elle sera publiée le 20 mars, - je crois qu’il est indispensable que chaque citoyen fasse vivre intensément ses convictions, et se prononce selon son désir. Le jour du premier tour, chacun devra certes voter avec gravité, responsabilité, mais aussi enthousiasme et ferveur. Si le choix des postulants n’est pas satisfaisant, ou ne correspond pas à un choix profond, voulu, le résultat risque d’être décevant, voire de réserver une surprise, comme cela a été le cas en 2002.

Le centre, une alternative crédible ?


Face à la bipolarisation excessive de l’enjeu, - qui donne le sentiment d’être déjà au second tour, - on peut voir, ces derniers jours, certains médias, - qui sont pourtant les premiers responsables de ce phénomène, - s’i
nterroger en ces termes : une troisième voie est-elle possible ? À cette question, le plus tentant est de répondre : même si son accès au second tour n’est pas acquis, François Bayrou est le mieux placé pour fédérer ceux qui aspirent à autre chose. Mais que propose M. Bayrou ?
Déjà, pour situer sa candidature, il convient de dire que le centrisme ne s’est jamais imposé naturellement en France. Les deux forces qui l’entourent y sont, en effet, historiquement, bien plus fortes, et bien plus puissantes. Surtout, M. Bayrou caresse le rêve de nommer un gouvernement d’union nationale, une coalition réunissant diverses sensibilités. Cette aspiration me paraît tout à fait utopique, et irréaliste : comment imaginer qu’en faisant travailler ensemble des hommes et des femmes dont les convictions s’opposent, la France sera mieux gouvernée ? Un tel scénario s’apparenterait plutôt à un cauchemar : il fragiliserait l’État, la cohérence de son orientation, et pourrait donner lieu, à terme, à des crises politiques importantes, les unions de circonstance n’étant pas durables.
Un des arguments employés par M. Bayrou est de prendre appui sur la coalition gouvernementale d’Angela Merkel, en Allemagne, pour montrer qu’avec de la bonne volonté, une telle union, - en l’occurrence Démocrates-chrétiens et Sociaux-démocrates, - peut marcher. Or, il faudrait rappeler que ce gouvernement est né dans la contrainte, et que son bon fonctionnement est soumis à de nombreux obstacles, liés notamment aux intérêts divergents des forces qui le composent. En outre, il faut rappeler qu’en Allema
gne, la culture de l’accord prévaut davantage qu’en France. L’opposition entre gauche et droite y est aussi moins marquée par l’idéologie.

Les retards de la gauche


J’insiste sur ce point, parce que la gauche française n’a pas épousé le même mouvement que celui des autres gauches europée
nnes. Au lieu de marcher résolument vers le réalisme économique et le pragmatisme politique, elle a préféré une attitude ambiguë qui pénalise son essor et affaiblit sa crédibilité. Le programme du Parti socialiste est à cet égard édifiant. Comment moderniser la France avec la volonté de généraliser les 35 heures, - accomplissant-là l’ambition du programme du 1981 : la « diminution progressive du temps de travail vers les 35 heures », quand une souplesse et des aménagements branche par branche sont nécessaires, - et de revenir sur la réforme des retraites, - rebâtissant l’acquis de 1981, celui de « l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans », alors que le vieillissement de la population et le déséquilibre démographique imposent un autre regard sur ce dossier, ce que tous les autres pays développés ont bien compris.


Aux fondements du gaullisme

En réalité, cette troisième voie, - champ d’action naturel et historique du gaullisme, - qui peut mieux l’incarner que M. de Villepin ? Ce large rassemblement au-delà des deux camps et autour des valeurs qui font la France, pour le progrès économique, pour la croissance sociale, pour une politique internationale ambitieuse, pour la relance de la construction européenne, quel candidat serait mieux à même de lui donner toute sa dimension ? Le 6 mai prochain, il s’agira d’élire un Président de la République pour cinq ans, pendant lesquels notre pays devra à la fois se moderniser et rester lui-même, fidèle à son identité et à son histoire. Le chef de l’État, qui se trouve au sommet des institutions, est une
figure centrale de notre vie politique, et doit guider la nation toute entière vers deux voies : celle de la prospérité sur le plan intérieur, et du rayonnement diplomatique sur le plan extérieur. Son rôle est, en ce sens, déterminant pour l’évolution de notre société. Il ne saurait être question de rupture avec ce qui fait la France, mais de modernisation et d’esprit de conquête. Je suis convaincu que Dominique de Villepin est le mieux placé pour fédérer, pendant et après l’élection, une France encline à se diviser, représenter l’idéal d’un pays fort, rassemblé, et traduire dans les faits, concrètement, les engagements pris.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir
Votre analyse est juste mais je crois malheureusement que Dominique de Villepin ne va pas se présenter. Voir l'interview publiée sur le site du Financial Times ce soir : http://www.ft.com/cms/s/3be45ce0-b614-11db-9eea-0000779e2340.html
Cordialement

Villèle a dit…

Bonsoir, et merci pour cette interview, assez intéressante. Elle présente un bon aperçu des ambitions du Premier ministre pour l’avenir de la France (réduction du chômage, de la dette publique, poursuite de l’effort de croissance) et des différents éléments de son bilan qu’il entend défendre.

Toutefois, ses propos laissent à penser qu’en effet, il ne se présentera pas. Chaque jour qui avance semble éloigner cette éventualité. Mais pour ma part, je continuerai à promouvoir son action, et à dire ce qu’elle m’inspire.

Anonyme a dit…

Bonjour,

Analyse très juste que je partage. Je suis convaincu que si Dominique de Villepin y allait, il bouleverserait l'équation de cette élection. Quand on discute avec des Français de tous les horizons, on constate qu'il y aurait une véritable place pour une candidature gaulliste. Il pourrait convaincre aussi bien les électeurs de gauche que de droite car ils ne se rangent derrière Ségolène et Nicolas que par un souci d'efficacité électorale. Seul un petit nombre d'entre eux est réellement convaincu.
Amitiés républicaines.
Laurent